Préparation et départ vers Toulouse
Jour moins un – 13 avril : De ma cuisine au Québec, lorsque je regarde la télé, je vois la lumière du deuxième étage de la maison de mes voisins d’en face s’allumant tous les soirs à la même heure. Elle est annonciatrice de mes propres ablutions, ou comme dirait mon chum Dan, de mes ébullitions. Cette lueur dans la nuit est rassurante et apporte une continuité dans une vie somme toute bien tranquille. Mais pas pour longtemps, dans deux jours 15 avril, je serai à Toulouse, je me prépare à vivre une autre aventure de deux mois.
Le vertige cette fois-ci est différent, un trac connu et en même temps enivrant. J’ai l’impression de me lancer dans le vide – sciemment. J’aime la liberté de ce vertige, de cette chute libre. J’imagine qu’on aime profondément la vie quand on ne connaît pas la fin de l’histoire. Et il y a ce sentiment si nouveau qui m’habite depuis quelques années, cette paix qui étreint l’esprit d’une certitude rassurante. Celle d’être en pleine possession de ses moyens et de n’être la marionnette de personne. De me choisir.
Jour 0 – 14 avril : Départ de Montréal. Pas d’adieux tristes à l’aéroport que du bonheur avec un petit serrement du coeur, car on part vers l’inconnu mais pas tant que ça. Un dernier baiser et me voilà déjà envolée.
Il y a le vertige, il y a l’excitation, il y a la possibilité que tout peut arriver et que j’ai tous les choix, toutes les opportunités. Les aéroports me font toujours cet effet joyeux, tous ces gens avec des destinations différentes qui convergent en un même point pour des raisons de tout acabit avec des vies différentes, avec qui on partage un instant d’existence. Pourquoi sur un avion, il est si facile de se livrer, de se lier d’amitié ? En voyage, je n’ai plus mon âge, j’ai l’impression de recommencer ma vie. J’ai 18 ans dans ma tête. J’adore cet état d’être.
Je subodore que c’est un rêve de jeunesse que je réalise enfin. Les voyages sont formateurs et je soupçonne que ma vie aurait été différente si j’avais voyagé plus jeune mais j’aurais fait de la peine à St-Pierre et à Ste-Marie, dans mon enfance à l’eau bénite. C’est là que je réalise qu’on est souvent la marionnette de quelqu’un sans s’en rendre compte. Et qu’on est élevé dans les principes de la génération précédente. Mais, on ne s’y attarde pas, on va de l’avant. Comme les requins qui doivent constamment nager pour rester vivant.
L’apprentissage est un concept magnifique. Et à la place, de cette sempiternelle litanie qui me trottait dans la tête, décevante et déprimante, je la remplace par : « Je suis en apprentissage de quelque chose. Sois douce envers toi ». Et l’idée que demain sera annonciateur de nouveautés, me remplit de joie.
Après avoir reposé mon corps, je dépose mon esprit dans cette ville à l’échelle humaine. Du haut des airs, j’ai vu le soleil se lever sur les pics des Pyrénées, couronnées de neiges éternelles. J’voudrais tant que nous soyons plus allumés collectivement sur les méfaits de la consommation et que mon fils, ses enfants et les enfants de ses enfants, voient ce que je vois et même plus. Quelle grande invention se serait de se déplacer dans un télé porteur pour éviter de polluer la planète avec les voyages en avion, les impacts sur la terre et on diminuerait les risques de pandémies. Je suis déchirée entre le plaisir de découvrir la planète et le mal que je lui fais. Est-ce qu’il y a une certitude que nous existerons dans 50 ans ? 20 ans ? Est-ce que les principes divins de l’humain et de l’éternité de nos esprits comme le pensait Einstein font, feront toujours partie de nos vies ? Est-ce que nous serons transportés vers les étoiles et nous toucherons enfin à notre essence spirituelle ?